Squeezie : le pilier d’internet qui ne flanche pas devant la polémique
PORTRAIT. Ses abonnés se comptent par dizaine de millions. Lucas Hauchard, alias Squeezie, rencontre depuis le début de sa carrière sur internet un succès flagrant, qu’aucune controverse ne vient assombrir.

Squeezie - Getty Images
C’est avec une fière allure, et aux côtés de son inséparable compagnon Natsu, que Lucas a fait son entrée au sein du Musée Grévin pour inaugurer son double de cire le 2 décembre dernier. Première personnalité d’Internet à intégrer le célèbre établissement, le Youtubeur aux 17 millions d’abonnés était entouré des « grands » du web, qui sont aussi ses amis : Gotaga, Billy ou encore HugoDécrypte, tous sont venus applaudir le succès de leur confrère surnommé Squeezie. Une statue d’1 mètre 76, la seule du musée à être accompagnée d’un animal, qui ne manque pas de symboliser l’immense réussite d’un vidéaste français très apprécié des internautes.
« Entre le format imposteur, qu’est-ce qu’il y a derrière la porte et les gros events comme le GP Explorer, Squeezie, c’est le roi de Youtube », s’exprime @UgoleCoq le 17 décembre dernier sur Twitter. Un avis que partagent des milliers d’autres utilisateurs des plateformes web, comme @jnm3413 : « Squeezie a sorti une année all time dans l’histoire de youtube » (Twitter, 21 décembre 2022).
C’est simple : le vidéaste français n’a connu que très peu d’échecs au cours de sa carrière. À la fois Youtubeur, streamer, rappeur, écrivain et producteur, il ne cesse de se diversifier pour le plus grand plaisir de ses fans et sans jamais tomber dans les polémiques à rallonge caractéristiques d’Internet. Et pour cause, il semble avoir un mantra infaillible : celui de se tenir à tout prix à l’écart des « bad buzz ».
Naturel et spontanéité : l’art de convaincre sans artifices
« Je sais pas pour vous, mais Squeezie, il me fait grave rire, je le trouve hyper spontané », tweete @kutsalkitap_ en décembre 2018. Depuis le début de sa carrière, le vidéaste passionne ses viewers grâce à son naturel à toute épreuve : un atout qui lui permet de rencontrer le succès sans budgets ni concepts extraordinaires.
En effet, Squeezie se lance jeune, en ouvrant une chaîne tout ce qu’il y a de plus ordinaire : en 2011, encore lycéen, il publie ses premières vidéos sur le thème du gaming et choisit son pseudo en s’inspirant du morceau Squeeze It des DJ Tiestö et Frank. Dans sa banlieue parisienne de Vitry-sur-Seine, qu’il n’a jamais quitté depuis sa naissance en janvier 1996, Lucas tourne régulièrement face à sa caméra amateur, dans le décor simple qu’est sa chambre. Corps chétif, énergie débordante et cris stridents sont les mots-clés de cet adolescent qui ne tient pas en place. À l’époque de son ascension, ses vidéos sont simples et sans réelle préméditation : jouant à un jeu sur son PC ou racontant simplement une histoire marquante, Lucas Hauchard passionne avant-tout ses viewers grâce à son aisance, sa franchise et son style naturel qu’aucune fausseté ne vient troubler. Une manière de faire qu’il n’a pas perdue aujourd’hui, et qui ravit toujours autant sa communauté.
« Les let’s play de Squeezie, c’est à crever de rire ! Y’a pas à être aussi spontané », écrit @lanadelh0e sur Twitter en novembre 2021. Sur Youtube, le sentiment est le même et les réactions positives des internautes se multiplient sous les vidéos « react » ou « histoire » du vidéaste, surnommé « le père Castor de [sa] génération » (@julieletort8096, novembre 2022). « Il a vraiment un don pour raconter les histoires ! », affirme @avatek9031.
L’humour comme défense imparable face aux polémiques, bad buzz et haters
À 17 ans, Squeezie devient le plus jeune Youtubeur français à dépasser le million d’abonnés. Il est, en 2019, le vidéaste francophone le plus suivi grâce à une activité touche-à-tout : le créateur s’attaque désormais aux clips musicaux, aux vidéos humoristiques et à des formats plus travaillés, comme celui de ses « threads horreur ». Dans sa lancée, il crée sa propre marque de vêtement Yoko, obtient un disque d’or pour son titre musical Time Time et un NRJ Awards pour son album Oxyz et réussit l’exploit d’organiser une course de Formule 4 entre personnalités d’Internet sur le circuit Bugatti du Mans. En octobre 2022, il dévoile même un court-métrage horrifique, première réalisation cinématographique de sa chaîne, et annonce également la sortie du volume 2 de sa bande-dessinée Bleak, dont le premier tome avait rencontré un succès retentissant avec 84 000 exemplaires vendus en 2019 .
Une évolution qui ne laisse pas indifférents ses détracteurs. Polémiques et controverses ne sont pas tout à fait inconnues de Squeezie, mais bel et bien savamment évitées par le vidéaste français qui semble toujours rester droit dans ses bottes. En 2017, invité sur le plateau de Salut les Terriens pour présenter son premier livre « Tourne la page ! », il fait face à un Thierry Ardisson jugé méprisant et condescendant par beaucoup d’internautes. « C’est devenu un métier, en 2017, de regarder des jeux vidéos et de les commenter. Est-ce que manger des pizzas, ça va devenir un métier ? », ironise le présentateur, ajoutant plus tard : « Vos fans, vous pensez qu’ils vont acheter un livre de vous ? Ils vont penser que c’est un tapis de souris, non ?» . Mais Lucas ne flanche pas une seule fois face à ces remarques piquantes. Bien au contraire : il se contente d’afficher un sourire, quoique crispé, et de paraitre aussi calme que possible devant les caméras. Sa mine sereine et son ton posé lui vaudront d’être surnommé « bouddha » sur les réseaux, un patronyme d’autant plus justifié qu’il répond à la polémique en publiant une vidéo humoristique titrée « Freestyle de l’auto-dérision ».
Squeezie dans son studio - Google Images
Si cet évènement n’a pas été le seul à affecter le vidéaste, son attitude n’a quant à elle pas changée au fils des ans. Lorsque Booba le « clashe » en 2021 par rapport à sa carrière naissante de rappeur, le qualifiant de « rappeur imposteur » et le nommant à tort « La Huiss », Lucas réagit par un changement humoristique de pseudo sur Twitter, transformant son surnom habituel en celui par lequel Booba l’avait qualifié quelques heures plus tôt. Quand Cyprien l’accuse de s’être éloigné de lui « sans raison », il publie un message pacifique sur ses réseaux pour expliquer que ses discordes avec Cyprien sont regrettables et que leurs discussions privées lui avaient semblé suffisantes pour régler cette situation personnelle. Enfin, face aux réactions et accusations de plusieurs internautes à l’encontre de l’un des figurants de sa vidéo
« Le plus grand Où est Charlie du monde : 2 », il décide en toute simplicité de supprimer le passage mettant en avant le figurant en question et adresse un message de soutien à tous les internautes ayant pu être touchés par cette apparition.
Des réactions humoristiques et un recul légendaire : les bases de la défense de Squeezie sont posées, auxquelles s’ajoutent de rares apparitions médiatiques qui ne laissent que peu de marge à l’apparition de scandales. Finalement, c’est un moyen pour le vidéaste de surfer sur les polémiques qui le touchent et d’en tirer du positif, à savoir un nombre d’abonnés grandissant et l’admiration des internautes sur les réseaux. Pour Squeezie, il semblerait donc qu’honnêteté, franchise et spontanéité suffisent à consolider sa communauté et à lui faire rencontrer le succès en continu : de solides fondations pour lui permettre d’accomplir son souhait premier, à savoir légitimer internet et faire en sorte que « les créateurs du web [fassent] maintenant parti du paysage culturel français » (Lucas Hauchard, Grand Prix Explorer 2022).
Marie Mabilais
