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Radicale, le récit fin et vibrant d’un homme touché par le cancer

REPORTAGE. En plein Movember, la pièce de théâtre Radicale, jouée au Petit Théâtre des Variétés jusqu’au 3 décembre, sensibilise et informe au sujet des cancers masculins. 

Radicale

Les trois comédiens, Benjamin Alazraki, Marie-Béatrice Dardenne et Xavier Martel, à la fin de la représentation - Marie Mabilais

Jeudi soir, 20 heures. La salle du Petit Théâtre des Variétés s’est remplie, les lumières se sont éteintes et le silence s’installe. Trois personnages sont placés dans la pénombre de la scène. La pièce de théâtre Radicale, écrite et mise en scène par David Friszman, commence. 

 

Paul est diagnostiqué d’un cancer de la prostate et enchaîne les rendez-vous chez le médecin, l’urologue et le psychologue. Sous les yeux des spectateurs, c’est sa prostate même qui s’exprime et mène le récit : incarnée par la comédienne Marie-Béatrice Dardenne, elle discute avec le public et explique avec humour le nouveau quotidien du personnage. 

 

Une « comédie pédagogique »

Auteur et metteur en scène de Radicale, David Friszman a lui-même été diagnostiqué d’un cancer de la prostate à l’âge de 47 ans. Opéré d’une prostatectomie radicale, c’est-à-dire d’une ablation complète de la prostate, il n’a pas hésité à rappeler l’impact de cet événement dans le titre de sa pièce : « Tout s’associait à ce mot, 'radical' : la prostatectomie radicale entraînait un changement radical et je trouvais que le mot convenait parfaitement à l’état du personnage principal. »

 

Photographies des répétitions de Radicale - Marie Mabilais

En plus d’être artistique, sa démarche est aussi pédagogique. « J’avais envie d’être utile en partageant mon expérience, en me disant que ça pouvait lever des tabous et permettre aux gens d'en parler. » Une volonté partagée par Benjamin Alazraki, qui joue le rôle principal, et qui estime que « cela fait partie de l’éducation que chaque homme devrait avoir quand il fait son premier test de taux de PSA (Antigène Prostatique Spécifique). »

 

Sans être tout à fait une comédie, Radicale aborde le sujet du cancer en traitant les informations avec une certaine touche d’humour : « C’est une comédie pédagogique, je pense.  […] L’intérêt, c’était d’alléger le propos. Il semblerait que le public aille plus vers le rire que ce que je pensais., […] mais beaucoup de personnes me disent que ça oscille entre le rire et les larmes », confie le metteur en scène.

« Certains malades sont experts de leur maladie »  

Fabrice Bossaert, secrétaire de l'association CerHom

 

Soutenu par l’association CerHom, qui lutte pour la sensibilisation et l’information concernant les maladies masculines, David Friszman explique que sa pièce de théâtre permet aussi de mettre en avant les « malades experts ». « Il y a des malades qui sont experts de leur maladie, qui la connaissent, qui peuvent travailler dessus. » Pour Fabrice Bossaert, actuel secrétaire de CerHom, Radicale est très efficace pour rendre compte du « côté patient ». « Il y a des remarques de médecins qui nous disent : 'Moi, ça m’intéresse. Je n’avais pas conscience que le patient vivait ça, qu’il avait ces appréhensions et ces craintes.’ »

« C’est vraiment du corps à corps » 

 

À la sortie de la salle , l’émotion est au rendez-vous. Arlette, 81 ans, a perdu son mari d’un cancer de la prostate et confie que la pièce lui a « rappelé plein de choses ». « J’ai vécu tout ça », souligne-t-elle. Gérard, 70 ans, s’est quant à lui rendu à la représentation parce qu’il est « passé par là » et qu’il « voulait savoir ce qu’un auteur pouvait faire sur ce sujet ». « J’ai beaucoup aimé, j'ai trouvé la pièce très fine, sans drame mais abordant des sujets graves. » Alexia, 48 ans, ajoute : « Le cancer, c’est quelque chose qui me touche beaucoup. Je trouvais assez étonnant qu’on parle des hommes, pour une fois. » Pour Fabrice Bossaert, la force de la pièce réside dans la proximité qu’elle offre entre le public et la réalité de la maladie. « C’est vraiment du corps à corps. Vous êtes là, vous êtes à trois mètres des acteurs, […] vous touchez la maladie, vous touchez au noyau humain. »

 

Radicale permet ainsi aux spectateurs « de ne pas se sentir seuls », explique David Friszman. « Il y a d’autres personnes qui sont atteintes, il y a des gens qui se battent, […] c’est très important de rencontrer des gens qui sont guéris parce que cela ouvre des perspectives. » Pour les spectateurs, la pièce agit aussi comme un moyen de briser les tabous : « Il y a des malades qui me disent : 'Ça nous fait du bien, ça nous permet d’en parler et ça nous soulage'. »


 

 

Les comédiens pendant la représentation de Radicale - Marie Mabilais

Un vecteur de sensibilisation et d’information

 

Alors que la pièce se joue en plein mois Movember, campagne annuelle de lutte pour la prévention des maladies masculines, David Friszman détaille sa volonté d’apporter son soutien au mouvement : « Je voyais qu’il y avait beaucoup de choses qui se passaient, notamment avec les femmes sur les cancers du sein, les cancer utérins, les maladies féminines… Et je trouvais que les hommes étaient vraiment très en retard. » Il explique qu’« il y avait une volonté qu'on parle de la pièce, qu’elle fonctionne et qu’elle

existe » à travers l’élan de Movember. 

 

Au moment de Movember, les projets de sensibilisation sont plus nombreux et « cela permet de démultiplier l’information, la présence et la visibilité », précise Fabrice Bossaert. 

 

Marie Mabilais

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